La Journée internationale des forêts, proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2012, a lieu chaque année le 21 mars. Cette journée vise à célébrer la diversité des forêts à travers le monde et à sensibiliser le public à leur importance vitale. La Journée internationale des forêts met en lumière les arbres, tout comme l’agroforesterie qui les utilise pour rendre l’agriculture plus verte et plus durable.
Parmi nos producteurs qui ont des produits labellisés “+ de 17 dans nos assiettes”, 34 font de l’agroforesterie dont 5 en intra-parcellaire.
Qu’est-ce que l’agroforesterie ?
L’agroforesterie est une pratique agricole qui combine les arbres et les cultures ou l’élevage sur le même terrain. Cette pratique est compatible avec tous les systèmes de culture (maraîchage, viticulture, élevage, etc..).
L’agroforesterie existe depuis au moins l’Antiquité, avec des cultures de céréales ou de légumineuses dans les intervalles entres les vignes ou les oliviers.
Au XXème siècle, avec l’arrivée des machines agricoles, l’agroforesterie a fortement diminué dans les pays industrialisés. En France, on comptait environ 600 millions d’arbres dans les parcelles agricoles dans les années 40 à 50. Dans les années 2000, il n’en restait plus que 200 millions.
Il existe deux approches principales de l’agroforesterie : l’agroforesterie intra-parcellaire et l’agroforesterie périphérique.
Agroforesterie intra-parcellaire
On parle d’agroforesterie intra-parcellaire pour désigner l’intégration directe des arbres au sein même des champs cultivés. Cette méthode peut prendre plusieurs formes :
- La plantation d’arbres en ligne ou en quinconce au milieu des cultures qui permettent une cohabitation harmonieuse entre les arbres et les cultures annuelles ou pérennes. Cette configuration favorise une interaction bénéfique entre les différentes espèces, améliorant ainsi la biodiversité, la productivité et la santé des sols.
- Le sylvopastoralisme, qui combine l’élevage avec la foresterie qui permet aux animaux de bénéficier de l’ombre et de la nourriture supplémentaire fournie par les arbres, tout en contribuant à la gestion des espaces forestiers et à la fertilisation des sols.
Agroforesterie périphérique
L’agroforesterie périphérique englobe les pratiques de plantation d’arbres et de haies autour des parcelles agricoles. Cette catégorie inclut :
- Les bocages et haies de délimitation des parcelles, qui servent de brise-vents, protègent contre l’érosion, favorisent la biodiversité et facilitent la connectivité écologique entre différents habitats. Ces structures végétales offrent des abris pour la faune et contribuent à la lutte biologique contre les parasites et maladies des cultures.
- Les bandes enherbées ou boisées qui bordent les parcelles qui jouent un rôle crucial dans la filtration de l’eau, la prévention de la pollution diffuse et la conservation des sols.
Quels sont les avantages de l’agroforesterie ?
L’agroforesterie tire parti des interactions bénéfiques entre les différents éléments présents : les arbres aident à protéger les cultures contre les parasites et les conditions météorologiques extrêmes, réduisant ainsi le besoin en engrais et pesticides.
Bien que l’agroforesterie puisse être pratiquée avec des méthodes conventionnelles, elle offre des avantages environnementaux significatifs, comme la lutte contre l’érosion et l’amélioration de la qualité et de la fertilité des sols grâce à une meilleure gestion de l’eau et à l’apport d’humus par la décomposition des feuilles. Les racines des arbres et les champignons en symbiose avec eux jouent un rôle crucial en structurant le sol et en augmentant sa capacité à retenir l’eau et les nutriments, favorisant ainsi une productivité accrue à la fois pour les cultures et les arbres.
Agroforesterie et biodiversité
L’agroforesterie joue un rôle clé dans la promotion de la biodiversité. Les arbres attirent les chauves-souris qui chassent les insectes nuisibles aux cultures. Cet environnement favorise le retour d’autres prédateurs naturels de nuisibles comme les limaces, les escargots et les campagnols.
Les structures telles que les bocages et les haies vives servent de zones tampons et de corridors biologiques, améliorant la connectivité entre les habitats et offrant des refuges pour différentes espèces. Les grands arbres et les alignements fournissent des habitats de substitution pour les abeilles, les pollinisateurs et de nombreux autres organismes utiles à la culture.
Bien que certains craignent que l’agroforesterie puisse favoriser les rongeurs, les limaces et certains parasites, les études de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) n’ont pas confirmé d’effets négatifs significatifs. Au contraire, les prédateurs naturels de ces espèces sont également favorisés, contribuant ainsi à un écosystème agricole plus équilibré et durable.
L’agroforesterie en Charente-Maritime
Nos producteurs se confient sur leur démarche agroforestière. Éric Boulerne faisait auparavant de l’agriculture conventionnelle mais a maintenant intégré l’agroforesterie dans ses pratiques et s’est tourné vers l’agriculture biologique.
“Dès que je me suis installé, ma fibre écolo m’a amené à faire pas mal de recherches autour de techniques de production simplifiées, de réintroduction de haies, d’agroforesterie.”
Il voulait surtout attirer plus de plantes et d’animaux sur ses terres, et les arbres l’ont aidé à atteindre cet objectif. Maintenant, après environ dix ans de bio, il voit vraiment la différence : il y a plus de nature et d’animaux grâce aux arbres.
Éric invite aussi les gens à venir voir sa ferme, ce qui aide à construire une relation de confiance avec ceux qui achètent ses produits. De nos jours, on aime bien savoir d’où viennent nos aliments et comment ils sont faits. Le fait de montrer sa ferme et l’agroforesterie aux visiteurs les rend plus conscients et reconnaissants du travail accompli.
Camille Camuzet, des Paniers de Camille est elle aussi sensible aux avantages de l’agroforesterie.
« J’ai planté des arbres fruitiers et une haie tout autour du potager. Elle fleurit à différentes périodes de l’année et attire les petits oiseaux qui mangent les insectes. C’est aussi une barrière naturelle contre le vent. J’ai installé une perche pour les rapaces au milieu du potager pour qu’ils mangent les rongeurs qui grignotent mes légumes. »
Entretenir et valoriser l'arbre en Charente-Maritime
Depuis les années 60 et les opérations de remembrement, le maillage bocager a fortement diminué. La suppression des haies à grande échelle est aujourd’hui révolue. Depuis 2000, le Département de la Charente-Maritime a initié en partenariat avec la Chambre d’agriculture un dispositif d’aide à la plantation d’arbres : le programme EVA (Programme d’Entretien et de Valorisation de l’Arbre).
À ce jour, ce sont près de 625 km de haies et 39 hectares de bosquets qui ont été plantés en Charente-Maritime grâce à ce programme, soit quelque 834 000 arbres et arbustes plantés.
L’objectif de ce programme est double :
- Restaurer les paysages ruraux en favorisant l’implantation d’arbres sous forme de haies, d’alignements, d’arbres isolés, vergers, bosquets et agroforesterie intra-parcellaire.
- Favoriser la multifonctionnalité de ces plantations sur le territoire : paysage, qualité de l’eau, biodiversité, rôles agronomiques (effet brise-vent, biodiversité fonctionnelle, préservation des sols …).
Le programme EVA bénéficie d’une part aux collectivités avec l’accompagnement et le soutien technique du Département de la Charente-Maritime. D’autre part il bénéficie aux particuliers (agriculteurs, propriétaires, associations communales de chasse agréée/ACCA, …), avec accompagnement et soutien technique de la Chambre d’Agriculture de la Charente-Maritime.
Le programme est financé au titre de la Taxe d’aménagement. Le budget a fortement augmenté depuis 3 ans : 500 000€ en 2023 (Rappel : 400 000€ en 2022 & 300 000 € en 2021). Le Département prend en charge le financement de toutes les fournitures :
- Les paillages : feutre biodégradable, plaquettes de bois déchiqueté. À souligner : il s’agit exclusivement de paillages biodégradables.
- Les protections : manchon rongeur et tuteur, manchon chevreuil et tuteur.
- Les végétaux : jeunes plants, arbres baliveaux, arbres fruitiers. Près de 40% du volume de jeunes plants plantés dans le cadre du programme, bénéficient de la marque Végétal Local. Ces végétaux sont issus de collecte en milieu naturel et adaptés à des opérations ayant un objectif de restauration de la fonctionnalité écologique des milieux.
En 2023, 157 dossiers ont été instruits, permettant la mise en place de 50 km de haies et la plantation de 66 000 végétaux.
Nos producteurs locaux en agroforesterie
34 producteurs locaux ayant des produits labellisés “+ de 17 dans nos assiettes” sont aidés par le programme EVA. Parmi eux, 5 font de l’agroforesterie intra-parcellaire.
Venez découvrir à travers leurs portraits, la passion de nos producteurs agroforestiers pour leur métier…